Rencontre avec le directeur des PEP 18 et réflexions sur la place du numérique dans le médico-social
Publié : 18 mars 2022
Quelle est selon vous la place du numérique dans le médico-social ?
La place du numérique est aujourd’hui insuffisante dans nos organisations, surtout dans la réponse qu’elle pourrait apporter au niveau de l’autonomie et de l’inclusion telle que vous la développez, c’est ce qui m’a attiré dans un premier temps avec votre startup.
Pour moi elle est insuffisante par rapport à l’ambition dans laquelle elle peut nous amener, je pense que c’est en partie vrai pour beaucoup d’organismes gestionnaires, pour moi la place du numérique, aujourd’hui, est émergente sur un petit périmètre.
Pour moi c’est un enjeux stratégique, elle nous ramène à ce changement de paradigme dont tout le monde parle et la transition numérique, le digital en fait partie, de l’évolution de la société, et je pense que nos organisations, en tout cas pour les PEP18, nous étions un petit peu en retard.
La place elle va être grandissante, et c’est un espace stratégique parce qu’un espace recherche et développement, c’est quelque chose qui n’a pas de fin, pas de durée déterminée, c’est quelque chose qui va être en constante évolution, et qui va surtout prendre une place grandissante à partir des besoins de l’usager.
C’est une nouvelle façon d’entrer dans la réponse aux besoins des usagers et d’une manière inclusive car fondamentalement c’est d’apporter aux usagers l’univers numérique qui fait partie de la société aujourd’hui.
Quels sont les fondamentaux selon vous pour se lancer dans un projet numérique ?
En ce qui me concerne, c’est un sujet auquel je réfléchi beaucoup depuis 2-3 ans et lorsque j’ai pris la direction générale des PEP18 il y a presque 4 ans maintenant je me suis rendu compte que avions une approche un peu dysharmonique, que nous n’étions pas sur une approche au niveau stratégique et associative. À l’époque chacun dans son espace avait des initiatives numériques différentes et pour moi, pour réussir cette transition numérique il faut l’appréhender d’un point de vue global d’abord.
Pour cela il faut l’intégrer dans le projet associatif, cela s’inscrit dans une transition de société de façon générale.
C’est effectivement d’abord un projet au niveau associatif puis avec une approche constituée d’un programme de développement et de recherche à partir de l’usager. Votre concept est un outil inclusif et il correspond bien avec la conception que j’avais d’un tel projet
Si on veut réussir cette transition, à ce niveau là et l’inscrire dans un devenir je pense que ca ne peut pas être autrement, on ne peut pas y aller à moitié, on y va de façon graduée mais pour l’ensemble de l’association et à tous les niveaux de l’association.
Cette approche expérimentale est aussi une condition de réussite.
La transition numérique fait partie des objectifs de l’association, l’usager est au centre de notre projet, donc évidemment cela touche tout le monde. En faisant le choix de se faire accompagner, avec des acteurs tels que vous, connaisseurs du médico social dans une approche scientifique, nous intégrons donc dans nos organisations cette démarche de recherche et développement à partir du sujet qui est celui du numérique au service de l’usager, ce n’est pas autrement que globalement que l’on peut approcher les choses.
Pourquoi avez-vous choisi Auticiel parmi les autres solutions numériques sur le marché ?
La première raison, c’est votre approche. Vous n’êtes pas là pour nous vendre des accessoires avec lesquels on se débrouille, c’est une approche basée sur les besoins de l’usager et comment le numérique devient un outil de développement de l’autonomie et donc un outil inclusif intégré à tous les niveaux du projet personnalisé jusqu’au projet stratégique de l’association.
Ensuite, vos garanties et votre robustesse scientifique, pour moi c’était une condition très importante. Vous donnez des garanties à ce niveau-là et pas uniquement avec des ingénieurs, mais avec des neuropsychologues, des spécialistes de la neuroscience, des spécialistes du développement de projet, et évidemment des techniciens puisqu’il en faut forcément.
Puisque c’est un projet qui part de l’usager, il n’y a pas de projet type, tout est sur mesure.
Grâce à votre approche de recherche et développement, vous avez un produit qui est en évolution permanente au regard de vos travaux de recherche. Mais aussi au regard de la valorisation du travail que vous faites avec toutes les associations et vos partenaires, ce sont des critères extrêmement importants pour nous.
Il y a aussi un 3e niveau de garantie qui est celui notamment de votre programme de recherche avec l’Adapei 44, c’est comme ça que je le rêvais, c’est un projet comme cela que l’on veut approcher.
Que conseillez-vous aux associations qui aimeraient faire un projet chez Auticiel ? Quels sont les prérequis pour les équipes de professionnels et pour les bénéficiaires ?
Il ne faut pas se tromper de paradigme, la transition numérique c’est une transition systémique, ne pas l’aborder pas en tant que tel c’est prendre un risque énorme.
Si nous voulons être à la hauteur de l’ambition que propose la transition numérique sur ce type de projet je pense que la condition c’est d’être prêt à engager son association globalement, je pense que ça ne peut pas se faire de façon morcelée. On prendrait le risque de ne pas aller aussi loin que l’ambition que l’on a.
La question de la transition numérique c’est que le projet d’accompagnement d’une personne, il ne faut plus que ça se discute, cela fait partie de notre conduite de changement, c’est systémique.
Ce n’est pas forcément un conseil, mais s’il y a une chose que je referais c’est bien celle-ci, car je peux voir que cela mobilise d’ores et déjà tout le monde.
Dans le comité de pilotage de ce projet, nous allons aussi mobiliser les usagers et des représentants légaux, avec cette nouvelle façon de travailler nous emmenons un changement de pratique profond.
La temporalité, elle aussi, est essentielle, au même titre que la méthode. Chez nous tout est parti d’un diagnostic, j’ai demandé à chaque établissement ce qui était mis en place au niveau de la transition numérique, et j’ai vu une mosaïque de petites initiatives, des essais, mais rien de grande ampleur, rien n’était alors cohérent.
Quels apports positifs attendez-vous pour les bénéficiaires et leurs familles ?
Je vais vous le dire très simplement : moins ils seront dépendants de nous et mieux ce sera, c’est un éducateur spécialisé qui a dit ça et ça m’avait frappé ! L’idée est là, l’outil numérique comme un outil de compensation du handicap dans la vie de tous les jours, dans le parcours de la personne, et c’est ça en fait l’intérêt. C’est à dire que demain, on va défendre à la MDPH le fait qu’un enfant ou un adulte qui présente un handicap intellectuel pourra faire valoir dans ses droits de compensation le prix d’une licence et d’une tablette parce que ça fait parti d’un outil d’autonomie, de participation sociale et du coup de compensation du handicap très personnalisé qui lui permettra d’être dans cette trajectoire inclusive, c’est-à-dire ne pas être dépendant dans sa vie quotidienne, mais aussi au travail, systématiquement d’un professionnel.
C’est comme ça que je vois les choses, c’est fondamentalement un outil inclusif, de compensation personnalisé et c’est ça l’intérêt du numérique.
C’est que ce n’est jamais abouti, la finalité c’est l’inclusion, l’autonomie, la participation, le fait que si je suis une personne en situation de handicap je dépende le moins possible des autres et que j’ai un outil adapté à mon besoin, ce besoin qui évolue constamment, tous les jours selon où j’habite, selon où je travaille, selon ma situation à l’instant T et de l’intégrer dans mes habitudes de vie et ça c’est fondamentalement innovant.