Du virtuel au réel : quelle transposition des apprentissages ?

Nombreux sont ceux qui, professionnels ou particuliers, ont souligné les progrès d’enfants ayant utilisé ce nouveau moyen pédagogique. Plusieurs études ont pour missions de montrer la concrète transposition dans le réel des apprentissages effectués dans un monde virtuel. On pourrait citer à titre d’exemple les recherches menées par le professeur Josman du laboratoire d’innovation dans les technologies de réhabilitation de l’université de Haïfa (Israël).

Son équipe est partie d’un constat : il est absolument nécessaire d’apprendre aux enfants autistes les règles de sécurité élémentaires telles que la manière de traverser à un passage piéton. Or l’une des particularités de l’autisme est précisément la difficulté d’apprendre dans les domaines nécessitant une interaction forte avec autrui. Autre défi, l’enseignement apporté doit toujours être concret et pratique, ce qui pose problème dans l’exemple précédent.

Dès lors, l’idée est venue au professeur Josman et à son équipe de créer une sorte de réalité virtuelle pour éviter de confronter les enfants à un danger réel. Ce sont ainsi des enfants de 7 à 12 ans qui ont testé ce mode d’apprentissage pendant 1 mois, en travaillant par étapes et par niveaux : la difficulté de l’exercice augmentant au fur et à mesure, on a pu apprécier les progrès des petits sujets dont certains sont passés du niveau 2 au niveau 9.

Cependant il est légitime de se demander dans quelle mesure les compétences acquises dans ce monde virtuel gardent leur bénéfice dans la réalité. Pour tenter de répondre à cette question, l’équipe des scientifiques du professeur Josman ont emmené les enfants sur un véritable passage piéton après leur entraînement (en ayant néanmoins préalablement pris soin de réguler le trafic pour éviter toute prise de risques) ; le test s’est révélé concluant puisque les enfants ont effectivement su traverser la route en toute sécurité. C’est un bon exemple de l’efficacité de l’outil numérique dans l’aide aux personnes atteintes d’autisme et de la transposition des apprentissages dans le réel.

« Même si la complexité du handicap est telle que chaque conclusion doit être tirée avec précaution, il ne fait nul doute que l’utilisation des nouvelles technologies ne cesse d’ouvrir des perspectives concrètes pour une meilleure inclusion sociale des personnes avec autisme. » 

Sarah Cherruault, Présidente d’Auticiel

L’application Social Handy a été conçue pour travailler des situations du quotidien (dans la rue, à la maison,…) qui nécessitent une interaction avec le monde. Grâce à un système de quizz, elle permet d’évaluer les connaissances de l’utilisateur et de le préparer à réagir dans une situation donnée, par exemple : «quand une personne me dit « Bonjour »» et le but est de trouver l’action ou le comportement approprié « je lui tourne le dos et je m’en vais » ou « je lui réponds « Bonjour »».

Via une interface spécifique, l’accompagnant peut aisément ajouter ses propres quizz et suivre la progression de l’utilisateur.

Depuis son lancement en 2014, cette application a rencontré un franc succès chez les éducateurs, psychologues, orthophonistes et parents. Eric Greff, spécialiste à l’Institut d’Enseignement Supérieur et de Recherche Handicap et Besoins Educatifs Particuliers (INS HEA) des applications pour l’autisme, la qualifie de « tout à fait pertinente pour s’exercer aux situations de la vie courante. » dans son Recueil d’applications pour tablettes tactiles concernant les élèves avec troubles du spectre autistique.

Voir aussi :

• Article connexe : SOCIAL HANDY, une application pour apprendre à être autonome